Ce mardi matin, ma journée était déjà tracée. J’avais prévu de retrouver mon meilleur ami Xavier-Aurèle chez lui puis de l’accompagner à un point de rendez-vous à Nice. Puis je devais rejoindre mon cours de tricot à l’AVH pour enfin terminer ma journée par un entraînement de Showdown. 

Je suis donc allé retrouver Xavier-Aurèle. Il m’a expliqué que ce rendez-vous était un point de rencontre où on devait venir le récupérer pour ensuite aller visiter l’École de Chiens Guides situé à Eze. Il m’a rappelé que l’information de cette sortie nous avait été faite par mail, mail que j’avais également reçu mais que je n’avais pas vu. Grosse, très grosse déception de ma part, bénévole de l’école de Chiens Guides de Paris, je veux aller voir cette école d’Eze depuis mon arrivée à Nice mais ça m’a toujours été impossible vu l’isolement de sa localisation par rapport aux transports.

Nous nous sommes ensuite rendus à ce point de rencontre où on a retrouvé Jean-Paul que j’ai repéré au « XAVIER » tonitruant avec lequel il se faisait reconnaître à l’arrêt du tram.

Et c’est en marchant vers le camion que le déroulement de ma journée s’est vu bousculé. Oui, comme il restait une place dans le camion, Jean-Paul a eu la bonne idée de me proposer de me joindre au groupe.

Après avoir rapidement acheter un pique-nique, me voilà dans le camion d’une association encore inconnue dont j’allais bientôt découvrir les multiples activités. En effet, durant le voyage, avec l’aide des autres membres participants à cette sortie,  Jean-Paul nous a présenté l’association, ses activités, son fonctionnement, ses projets.

Et nous voilà arrivés au Fort de la Revère. La vue y est magnifique. J’ai eu les larmes aux yeux devant la beauté du paysage. Perché au-dessus du village d’Èze, le fort domine toute la côte depuis l’Italie jusqu’au massif de l’Esterel, sur une ligne de crête à 696 mètres d’altitude.

Construit entre 1882 et 1885, il était utilisé pour la défense et avait un armement de canons et mortiers. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il a été utilisé comme camp pour les prisonniers alliés. Après la guerre, le fort a été occupé par l’Armée de l’air avant d’être démantelé et fermé au public.

Après avoir pris quelques photos et un bon pique-nique, nous avons rejoint l’école située 100 mètres en contrebas.

Nous avons été chaleureusement accueillis par Julia, éducatrice de chiens guides, et Pierre, instructeur en locomotion, qui nous ont présenté l’école, son histoire, son fonctionnement et le processus d’éducation des chiens. 

Si le siège de l’association des Chiens Guides d’Aveugles de Provence Côte d’Azur Corse est à Nice, l’association comprend deux centres d’éducation, depuis 2017 à Lançon-Provence et celui que nous avons visité, à Eze, dans le Parc départemental de la Grande Corniche, créé en 1976.

Les futurs chiens guides arrivent à l’âge de 2 mois au centre d’éducation. Jusqu’à ce qu’ils aient 1 an, les chiots sont placés dans des familles d’accueil bénévoles proches de l’école. Elles apprennent la propreté, l’obéissance de base et la socialisation aux futurs chiens guides.

A partir de 12 mois, les élèves chiens guides intègrent l’école où les éducateurs spécialisés prennent en charge chaque chien, les entraînant tous les jours de la semaine pendant environ six à huit mois pour les former à leur futur métier de guide. Le travail en ville et à la campagne enrichissent son éducation : parcours sur les routes et les chemins, les trottoirs, les passages piétons, les recherches utiles comme une porte, un distributeur ou un siège. Les chiens sont également familiarisés avec les escaliers, les transports en commun, etc. Et le week-end, le chien retrouve sa famille d’accueil

Durant leur formation, les élèves chiens guides passent également un examen : le « certificat d’aptitude » afin de valider leurs acquis en fin d’éducation.

Malheureusement, pour des raisons médicales ou comportementales, tous ne deviendront pas chien guide. Ces chiens sont alors accueillis en famille d’accueil comme chien de compagnie mais ils peuvent aussi changer de voie et devenir chiens de méditation ou d’aide à la personne grâce à la Confédération Nationale des Organisations de Chiens d’Aide à la personne (CANIDÉA) à laquelle l’école est affiliée.

Pendant l’éducation du chien, l’association étudie les dossiers de demandes de chiens guides. Quand une compatibilité est trouvée, c’est la rencontre décisive entre le maître et son futur chien. Plusieurs chiens peuvent lui être présentés, essayés avant de trouver LE bon. Il faut qu’il y ait une connexion entre le maître et le chien. Quand ça match, l’un comme l’autre le ressentent tout de suite, souvent ils interagissent comme s’ils s’étaient toujours connus.

Et enfin c’est la Remise. Elle se déroule en 2 étapes : une semaine au centre d’éducation où le maître va apprendre les ordres à donner à son chien guide pour se faire obéir et apprendre à prendre soin de son nouveau compagnon, suivie d’une semaine au domicile du maître où l’éducateur aide à mettre en place le travail du chien guide sur les trajets quotidiens de son maître.

Après cette présentation, Julia et Pierre nous ont fait visiter les installations de l’école qui s’étendent sur 3500m² et comprennent 4 bâtiments. Le premier comprend les bureaux de l’équipe technique, une salle de réunion, une cuisine, un vestiaire et une chambre noire pour les sensibilisations. Le deuxième comprend deux logements pour les personnes déficientes visuelles en stage de remise, le logement de fonction du gardien et des espaces de stockage. Le troisième comprend un logement de fonction, la sellerie et des espaces de stockage. Enfin, le dernier bâtiment, c’est le chenil qui est composé de 16 boxs, une salle de soin, une salle de stockage, une « maternité » / salle d’éveil des chiots, deux parcs de détente et 5 courettes extérieures.

Le centre dispose aussi d’un espace de démonstration où est installé un parcours d’obstacles dans lequel Julia nous a fait quelques démonstrations avec Talia, une élève chien guide de 5 mois faisant sa première rentrée, et Salsa, la chienne guidant quotidiennement Cédric, bénévole de Osons la différence, qui était d’ailleurs à l’initiative de cette visite.

C’est sous une légère petite pluie que notre visite s’est terminée. Retour dans le véhicule avec lequel nous sommes repartis riches de découvertes et de nouvelles rencontres.

Arnaud