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Ils avaient les yeux fermés, ils m’ont ouvert ceux de mon cœur !

Avec leurs yeux fermés, ils ont ouvert ceux de notre cœur, de notre intelligence.

Un dicton populaire affirme : «ce qui est fait n’est plus à faire », en ce qui concerne notre séjour en Toscane, voilà qui se révèle inadéquat. La Toscane est à faire et à refaire afin d’y goûter, que dis-je, de la déguster avec tous nos sens ouverts. Y revenir, oui bien sûr et bénéficier de toute sa richesse, de toute sa beauté.

À ce propos, précisons que l’on ne “fait” pas la Toscane, on se laisse faire par la Toscane : La chaleur forte de midi, la douceur des soirées, des paysages au soleil couchant, des cyprès alignés et majestueusement dressés en contre-jour. Et puis les Toscans…, quel accueil !

Deux minibus, bien chargés, ont fait les 5h30 de route sans histoire. Seuls les babillages des voyageurs manifestent le frétillement de l’attente de toutes ces rencontres à venir.

L’enlèvement de chacun avait été soigneusement minuté pour les deux chauffeurs. Nous étions 17 plus 5 sur la route pour nous rendre dans ce doux pays. 

Les dix sept, ce sont les binômes des « soi-disant voyants » et des malvoyants.

Les cinq, il s’agit de l’équipe d’Olivier Marchal et de sa société de production Réalibellule. 

Notre avancée vers la Toscane s’est faite dans le désordre ou presque, et au final : “Du nous et eux”, nous sommes arrivés au “nous ensembles”. Voilà qui vient conforter  l’idée de parvenir au “a” privatif de Osons l’a-Différence…

Comme pour chaque séjour organisé par Osons La Différence, loin d’être de simples touristes, nous nous engageons en tant qu’accompagnateur de personnes en situation de handicap, et là il s’agit de handicaps visuels, Nous n’avons pas l’habitude d’accompagner des personnes avec difficultés visuelles.

Nous nous sommes renseignés sur la spécificité de l’accompagnement aux personnes non voyantes et malvoyantes. Comme d’hab, celui-ci, se doit d’être bienveillant et s’inscrit prioritairement dans le respect de la personne, et en tenant compte de sa demande personnelle.

Notre engagement, dans cette aventure, est singulier et particulier. Il en va de la sécurité même des personnes qui doivent rester sous notre regard constant.

il s’agit pour chacun d’entre nous d’adopter une attitude de « clairvoyance », de « prévoyance », de « bienveillance », de « prévenance »…. 

L’importance d’offrir notre aide de manière non intrusive, en respectant la bonne distance, est rappelée avant et pendant le séjour. 

A nous de se répartir les rôles de « supervision » attentive, et pleine d’attentions…, toujours en restant au service de…, répondant à une demande de…., et cela dans le respect des capacités de la personne handicapée. 

Sans l’application de ces principes, notre attitude risque d’obérer l’objectif premier de Osons la Différence :  

“considérer la personne handicapée d’abord 

comme une personne capable autrement.”

Bien sûr les comptables diront que le compte n’est pas rond !

Alors que s’est-il passé pour cette équipée magnifique.

Il y a eu, tout d’abord, la préparation qui a débutée il y a deux ans suite à une idée ou plutôt un souhait de Sophie Tordjman et que Jean Paul Meulien a saisi et mis en forme afin de rendre possible cette aventure un peu folle : visiter cette région splendide de l’Italie pour ce qui est de la nature, et goûter ensemble aux joies de la richesse des œuvres de la renaissance italienne : architecture, monuments, sculptures, tableaux de grands Maîtres. Mais aussi des petits bijoux de musées locaux comme par exemple, celui de Montopoli qui nous a présenté une belle collection d’objets Étrusques (époque pré-romaine).

Nous nous étions préparés au mieux, selon les disponibilités de chacun, par des rencontres au musée Matisse de Nice avec Sylvie GARET, et aussi au cours de visioconférences organisées par les étudiants de Marie DUBRULLE. 

Egalement, nous avons reçu une bonne poignée d’e-mail de Jean Paul, préalable et préparatoire à la cohésion du groupe, agrémentées de phrases comme : « Vous emmènerez avec vous, tout le bonheur que vos yeux peuvent contenir, qu’ils soient ouverts ou fermés,  je sais qu’ils sont heureux et généreux » ou encore : « Nous vérifierons l’inclinaison de la tour de Pise au regard de la droiture de chacun d’entre nous ! »

L’équipe qui menait l’affaire était composée de : Jean Paul MEULIEN en chef d’orchestre et maître d’œuvre, Magdaléna KSIADZYNA, fraîchement diplômée guide conférencière, elle fut notre envoyée spéciale sur place à Florence. À ce staff, il faut ajouter nos chauffeurs : Alain, Gérard, Hervé, Jean-Marie. 

Cédric, avec sa canne blanche, a voulu conduire mais nous lui avons rappelé que « c’était un peu risqué » même si la loi n’interdit pas à un aveugle de prendre le volant… Pascal, possesseur d’un permis de conduire bien que non voyant, propose quant à lui de se déclarer comme conducteur aux autorités dans le cas où nous aurions à subir un éventuel retrait de points. N’allez tout de même pas croire que nous avions à faire à une bande de délinquants notoires !

Sans presque rien y voir pour l’un et en pleine cécité pour l’autre, nos deux sans vision prétendent cependant à tant d’autonomie qu’ils vont gaillardement de l’avant, à tel point, que parfois leur handicap disparaît totalement à nos yeux.

Alain, le chauffeur Valbonnais, a des attaches familiales avec Marti Montopoli val d’Arno et qui plus est avec les PITI di Firenze. Valbonne et Marti sont deux communes jumelées, Alain aime à rappeler : “si je retourne dans ce coin du monde, il me suffit de dire « Valbonne » et là, le tapis se déploie”. Fier comme le pape, vous l’auriez vu, notre Alain, déambulant dans les rues du village, le sourire jusqu’aux oreilles et discutant avec chacun des habitants croisés sur son passage. Sachez aussi que, fait du hasard, Valbonne et Marti Montopoli Val d’Arno se trouvent sur la même latitude géographique… Que se soit l’une ou l’autre commune, il y fait toujours aussi beau temps, notamment dans les yeux de leurs habitants.

Le soir de notre arrivée, nous nous sommes retrouvés au restaurant du camping qui nous a servi un repas très copieux. Le lendemain matin nous avons improvisé un petit déjeuner avec les ressources offertes par l’équipe des vidéastes car la superette était fermée.Très beau début de coopération et d’alliance entre groupes.

Par un mail, fort bien tourné, l’équipe de cinéastes nous avait demandé de les oublier. Pourtant, durant facilement dix heures d’affilée par jour, ils ont tourné autour de nous, nous ont filmé de bas en haut et de haut en bas…, de profil aussi ! Ils ont réalisé des interviews individuelles etc.

« Oubliez-nous » telle était l’injonction ! Si nous avons réussi à faire comme s’ils n’étaient pas là, leurs traces délicatement posées dans nos cœurs sont définitives, indélébiles. En effet, comment oublier ces gens d’une telle élégance et d’une rare discrétion.

Au deuxième jour, chacun s’est présenté, a exprimé les raisons de sa présence au séjour, ce fut un moment délicieux et inspirant. Également, lors de la soirée du dernier jour, le 20 mai : plusieurs événements se sont déroulés avant le repas. Tout d’abord un tour de piste de chacun quant à son vécu personnel vis à vis de ce voyage, puis ce fut la remise de cadeaux symboliques et de cartes signées par tous en forme de gratitude pour Jean Paul et Magdalena…., Cette dernière, du haut de ses 22 ans, fait fort, très fort. Elle a assumé, de bout en bout dans la légèreté et la joyeuseté, son rôle de guide culturel. Merci Magda !

Après le dîner, plusieurs personnes nous ont proposé des prestations créatives, de chants et autres performances, remarquablement touchantes et sensibles.

Nous avons même dansé sur l’air de de la valse d’Amélie Poulain à l’initiative de Jean-Marie. Ce fut un moment simple et de grande tendresse…

Jeudi 19 mai : Nous étions conviés à dîner en aveugle. Nous avons posé des masques noir sur nos yeux et sommes montés dans le camion. Puis nous avons été guidés par des voyants (enfin je l’ai cru) jusqu’au lieu du repas qui nous était inconnu. Expérience très riche. Chacun est passé par des états internes divers et variés… François Xavier avait décidé de n’enlever le masque que lorsqu’il aurait atteint un état de tranquillité intérieure suffisant : “J’y suis plus ou moins arrivé mais le bruit ambiant m’a beaucoup perturbé”.

Nous avions bien sûr la liberté d’enlever les masques. Heureusement, le restaurateur italien. ne nous a pas servi de plats en sauce : Très bonne salade variée et pâtes al dente. L’un d’entre nous n’a su faire qu’avec ses doigts. Saisir une demie tomates cerise à la fourchette sera l’étape deux de son apprentissage. Surtout dans une assiette en plastique molle.

La présence de Sophie en face de lui l’a rassuré. Elle a commencé par faire enlever la carafe de vin en disant « Ça c’est la catastrophe assurée pour un aveugle !»

Dans cette situation, le bruit ambiant est extrêmement désagréable et empêche, de fait, d’être attentif à ses états internes.

Nous ne détaillerons pas ici, jour par jour, les programmes dont nous avons bénéficiés : Ils étaient riches, variés, nourrissants et inspirants. 

Citons :

  • Le Concert de musique baroque avec un trio de musiciens excellents : une soprano, un joueur de luth et un claveciniste jouant sur un clavecin d’études de l’époque flamande du XVIIe siècle de Bruges ou d’Anvers.
  • Visite de l’école de bijoux L A O de Florence. L’endroit est tel qu’il est envoûtant. “Merci de concourir et de contribuer à la beauté du monde et de ce fait à son élévation”.
  • Visite de l’école du cuir : goûter au touché du  »mouton trempé » ou du cuir d’autruche ou de crocodile est beaucoup mieux les yeux fermés…C’est tactile et sensuel. Alors, ceux qui croient voir, fermez les yeux.
  • Visite chez un viticulteur (Pelliciano au lieu-dit San Miniato). L’accueil, de la famille et du maître de chais, fut chaleureux.
  • Mais aussi nous avons fait des tours dans la campagne où Alain, enfant, gambadait..

La variété des propositions et des expériences qui nous ont été concoctées par la  »team organisatrice » est telle qu’il nous faudrait 25 pages pour tenter de les décrire précisément et vous faire goûter la Toscane.

Si ces quelques lignes vous rendent quelque peu jaloux, alors exprimez vos souhaits à Osons La Différence, et puis pourquoi pas, venez nous rejoindre et co-organiser un séjour…La planète est pleine de lieux magnifiques… « Le continent noir peut être beau, même très élégant » Sophie Tordjman.

Texte de FRANÇOIS XAVIER & JEAN PAUL, de retour d’un enrichissant voyage !

Post Scriptum de François Xavier :

  • « Il vaut mieux avancer dans le désordre que de rester sur place dans l’ordre »
  • « Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous… »
  • « Si tu te crois arrivé, c’est peut-être que tu n’es jamais parti »
  • « La théorie la mieux élaborée, ne remplacera jamais l’expérience la plus bancale »
  • La Vie m’a proposé ce rendez-vous et j’y étais. J’en sors grandi et plus humble en tout cas, plus proche et plus relié..
  • J’avais déjà rencontré des mal-voyants, j’avais lu des choses à propos de ce handicap…,  La réalité vécue, en étant au bras de plusieurs d’entre eux durant ces huit jours m’a permis de recadrer mes représentations. 
  • Le calme et la bienveillance sont les conditions fondatrices de la sérénité de « l’autre »

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